Huile de table: Le secteur s’est bien fondu dans la libéralisation

Formation et Réglementation
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L’étude sur la concurrence dans le secteur des huiles de table présentée hier au siège du Conseil de la concurrence a réalisé une belle audience. Elle a été réalisée par le cabinet Mazars, ses conclusions devant alimenter la base des données du Conseil de la concurrence.

Ce dernier recueillera des remarques écrites dans un délai de 15 jours.
Les auteurs de l’étude disent avoir eu beaucoup de mal à accéder à l’information, avec une exception pour Lesieur Cristal. Najib Benamour, DG de la Caisse de compensation, «déplore que Mazars n’ait pas contacté son organisme qui dispose de 40 ans d’archives dont une base statistique très riche».
Quoi qu’il en soit, l’étude constate la structure oligopolistique du marché, trois firmes concentrant 98% du marché: Lesieur, Huileries de Souss et Savola. «Une extrême concentration qui n’a rien de nouveau, observe le responsable de la Caisse de compensation par laquelle transitait jadis les subventions de l’huile de table. Aujourd’hui, ce produit est complètement décompensé.
L’étude offre une première piste pour établir une cartographie économique par  le Conseil de la concurrence.
Mazars relève aussi «l’existence de pratiques anticoncurrentielles avérées par le passé». L’on se rappelle du précédent Savola et Lesieur Cristal. Soldé par une injonction administrative adressée en décembre 2006 à Savola pour concurrence déloyale et «non pas d’une condamnation pécuniaire», selon Rachid Baina représentant du ministère des Affaires générales au Conseil de la concurrence. Il souligne «l’ancienneté des données qui remonte à 2008».
L’étude relève que la filière «retrouve une sérénité relative». L’histoire trouble du marché se scinde en deux périodes: l’avant et l’après-libéralisation (1996-2000) à l’intérieur desquelles, il y a eu fusion de 5 sociétés au sein de Lesieur (1980-1993);  La disparition fin des années 1990 de sept opérateurs, l’entrée sur le marché des Conserves de Meknès en 2000, puis de Savola 4 ans plus tard.
Le cabinet n’explique pas les raisons du resserrement de l’offre dans le secteur. Quoique les barrières à l’entrée sont importantes pour des raisons structurelles et non pas réglementaires: faible marge (3 à 4%), importance de l’investissement et de la distribution. Lesieur, leader du marché (60%), maintient sa position malgré la libéralisation. Avec un petit bémol que relèvent les consultants de Mazars: les produits de Savola, son challenger, «n’étaient pas présents dans les rayons de Marjane et Acima jusqu’en 2010». Bref, à vaincre sans péril.
C’est toujours le cas d’après le DG de Savola Maroc, Ilyas Sobh, qui évoque publiquement le «silence glacial» de Marjane et Acima. Il n’y a eu à ce jour «aucune réponse à nos demandes», s’étonne-t-il. Ces deux enseignes de grande distribution appartiennent à la SNI qui ne détient plus que 22,23% de Lesieur. Son rapprochement avec le français Sofiprotéol a d’ailleurs fait l’objet d’un avis favorable du Conseil de la concurrence avec une recommandation sur la distribution.
La Caisse de compensation, elle, témoigne sur l’effet positif de la libéralisation: «baisse des prix de 1 à 1,5 DH le litre, hausse des investissements dans la région de Meknès. Mazars relève par ailleurs «les clés du succès» pérennisant la présence d’un opérateur sur le marché: l’achat à bas prix de l’huile végétale brute dont les cours sont fixés à l’international; l’élargissement de la gamme des produits et la disponibilité d’un réseau de distribution. Ces données déterminent in fine le prix de vente final.
Samir Oudghiri, DG de Lesieur Cristal et président de l’Association des raffineurs du Maroc, recadre les pourcentages. A commencer par le coût de la distribution «qui oscille entre 6 et 10% et non pas 3%», selon l’étude. Celui des matières premières importées (Soja, Tournesol…) sont de 97% au lieu de 80%». Le DG de Lesieur préfère d’ailleurs que «son dirham aille vers un agriculteur marocain plutôt qu’à un argentin…». Le développement de la production en amont et en aval est en arrière-plan. Il faut bien sauver la culture du tournesol. Mais comment? Lesieur Cristal à une idée… à creuser!

"paru sur l'economiste du 7/3/2011"

 

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