Blue Africa Summit : à Tanger, l’Afrique trace sa feuille de route océanique

Economie Bleue
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La ville de Tanger accueillera, les 9 et 10 octobre 2025, la 3ᵉ édition du Blue Africa Summit. Ce rendez-vous continental, porté par l’Académie du Royaume du Maroc et la Saison Bleue, lance les travaux du Pacte pour une Afrique bleue durable, première boussole maritime du continent.

Depuis sa première édition en 2023, le Blue Africa Summit s’est imposé comme l’unique plateforme africaine intégralement dédiée aux enjeux maritimes. La rencontre de cette année marque un tournant : elle ouvre officiellement le processus de rédaction du Pacte pour une Afrique bleue durable. Ce document, attendu pour 2026, doit structurer l’action des États africains, des entreprises, de la société civile et des instances scientifiques autour d’une vision commune de l’économie et de la gouvernance océaniques.

Le 10 octobre, quatre collèges d’experts - économie et finance, gouvernance et sécurité, sciences et éducation, société civile et territoires côtiers - se réuniront pour amorcer les premiers travaux. Leurs recommandations alimenteront un processus progressif, avec un calendrier déjà fixé : cartographie des opportunités maritimes dès l’automne 2025, premières propositions stratégiques à l’horizon 2026, puis missions d’accompagnement et analyses ciblées à partir de 2027.

Une initiative née d’un engagement royal

L’initiative s’inscrit dans la continuité du discours de Sa Majesté le Roi Mohammed VI lors de la Marche Verte en 2023, qui appelait à un sursaut continental face aux défis océaniques. Depuis, plusieurs jalons ont été posés : consultation africaine préparatoire à l’UNOC3 de Nice, Sommet « L’Afrique pour l’Océan » du 9 juin 2025 coprésidé par SAR la Princesse Lalla Hasna et le président Emmanuel Macron, et ratification par le Maroc du traité BBNJ sur la Haute Mer.

Ces étapes témoignent d’une volonté affirmée de positionner l’Afrique comme un acteur incontournable dans la gouvernance des océans. En confiant au Blue Africa Summit la mission de produire le Pacte, la communauté internationale reconnaît à la fois l’importance des ressources maritimes africaines et la légitimité de Tanger comme capitale de la réflexion océanique.

L’urgence d’une boussole africaine

Alors que l’économie bleue mondiale bénéficie surtout à l’Asie et à certains pays développés, l’Afrique accuse un retard manifeste. Beaucoup d’États ne disposent pas d’outils scientifiques pour exploiter leurs zones économiques exclusives, subissent les effets du changement climatique sur leurs littoraux et peinent à protéger leurs ressources halieutiques, génétiques ou minières.

Dans le même temps, les routes maritimes, câbles sous-marins et flux énergétiques contournent largement le continent, faute d’infrastructures portuaires, de flottes et de financements adaptés. Sans une stratégie collective, l’Afrique risque de rester spectatrice d’une révolution bleue mondiale en pleine accélération.

Une méthode inclusive et progressive

Le Pacte pour une Afrique bleue durable se distingue par sa méthodologie. Il mobilise simultanément décideurs politiques, chercheurs, acteurs économiques, collectivités locales et ONG. L’objectif n’est pas seulement de produire des recommandations mais d’installer un cadre opérationnel, capable d’accompagner les gouvernements et les investisseurs dans la mise en œuvre concrète de projets.

Avec l’appui de l’Union africaine, de la Fondation Afrique-Europe et de partenaires internationaux, ce Pacte doit constituer une feuille de route pragmatique, conçue pour être déclinée du niveau continental jusqu’aux communautés côtières.