Stratégie des Houthis en Mer Rouge : Décryptage d’un Mode Opératoire Complexe

Sécurité Maritime
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Les récentes attaques des Houthis contre des navires commerciaux en mer Rouge révèlent une organisation bien structurée et une stratégie minutieuse. D’après l'ONG suisse Inpact, une entité obscure nommée le « Centre de coordination des opérations humanitaires » (HOCC), créée en février 2024, joue un rôle central dans la planification et l'exécution de ces opérations. Dirigée par Ahmed Mohamed Yahya Hamed, un proche de Mahdi Al-Mashat, leader des Houthis au Yémen, cette organisation centralise les opérations maritimes et coordonne les frappes de missiles, les attaques de drones et les abordages de navires depuis des zodiacs.

Le HOCC est censé « atténuer les effets humanitaires des conflits », mais selon Inpact, il est en réalité utilisé pour institutionnaliser les attaques maritimes des Houthis. Ce centre communique directement avec les acteurs économiques via des canaux spécifiques (radio, e-mail et téléphone), et se réserve le droit de décider quels navires peuvent traverser la zone du détroit de Bab-el-Mandeb, un passage stratégique pour le commerce maritime mondial. Les navires liés à Israël, aux États-Unis ou au Royaume-Uni sont systématiquement ciblés, tandis que ceux ne répondant pas à ces critères sont autorisés à circuler.

Ces attaques ont lourdement perturbé le trafic maritime dans cette région cruciale, ce qui a conduit les États-Unis et le Royaume-Uni à intervenir militairement pour protéger les intérêts de navigation. En réponse, des frappes aériennes ont été menées contre des cibles rebelles au Yémen. L’Union européenne, de son côté, a déployé une mission nommée Aspides pour assurer la sécurité des routes maritimes.

Le rôle d’Ahmed Hamed, surnommé « le président du président », est central dans cette stratégie. Directeur de cabinet de Mahdi Al-Mashat, Hamed est décrit par l’ONU comme un acteur clé de la prise de décision houthie, exerçant une influence considérable sur les nominations de fonctionnaires, les activités de corruption et la gestion de l’aide humanitaire. Selon Inpact, il est à la tête d’un système qui cherche à prolonger l’ancrage des Houthis dans la région, en perturbant les lignes de commerce stratégiques et en rendant la navigation périlleuse.

En parallèle, les Houthis justifient leurs actions en mer Rouge comme un soutien aux Palestiniens dans le contexte du conflit israélo-palestinien. Ils ciblent les navires qu'ils perçoivent comme liés aux nations soutenant Israël. Cette stratégie pourrait s’inscrire dans un cadre plus large de soutien de l’Iran, leur principal allié, et d’autres partenaires internationaux, comme la Russie, que Washington accuse de discuter de transferts d’armes avec les rebelles yéménites.

Cette évolution des attaques maritimes menées par les Houthis pose de sérieux défis pour la communauté internationale, qui doit gérer à la fois les risques sécuritaires dans une zone clé pour le commerce mondial et les implications géopolitiques croissantes du conflit yéménite sur la scène internationale.

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