Lors de son discours à l'occasion de la présentation des grandes lignes du rapport focus sur l’industrie navale au Maroc du Conseil Économique, Social et Environnemental (CESE), M. Ahmed Réda Chami, président du CESE, a souligné l'importance cruciale du développement du secteur de l’industrie navale au Maroc.
Ce secteur, selon lui, constitue un pilier essentiel pour renforcer l'économie bleue marocaine, conformément aux aspirations formulées dans le discours royal de novembre 2023, lors de la célébration de la 48e commémoration de la Marche Verte.
Le secteur de la construction navale : un enjeu majeur pour la compétitivité nationale
Le Maroc possède des atouts naturels et industriels remarquables qui lui permettent d’envisager un avenir prometteur dans le domaine de l’industrie navale. Avec ses deux façades maritimes, s’étendant sur plus de 3500 kilomètres, et son infrastructure portuaire en constante amélioration, le Royaume se positionne stratégiquement pour développer une industrie compétitive.
Selon M. Chami, investir dans ce secteur ne se limite pas uniquement à renforcer la flotte maritime commerciale nationale, mais contribue également à la diversification et à l’enrichissement du tissu industriel. Il permettrait de créer des emplois, de transférer des compétences et de réduire la dépendance du Maroc à l'égard des services d’importation et de réparation de navires.
Des défis à relever pour s'imposer dans un secteur concurrentiel
Toutefois, malgré ces opportunités, le secteur de l’industrie navale demeure dominé par des acteurs internationaux traditionnels, rendant difficile l’entrée sur ce marché pour des pays émergents comme le Maroc.
Chami a rappelé que le secteur a enregistré une moyenne de seulement 500 millions de dirhams de chiffre d’affaires annuel entre 2013 et 2022, avec une contribution minime au PIB national de seulement 0,01 %. Cette part a d’ailleurs chuté depuis les années 2000, et le secteur n’a généré que 700 nouveaux emplois durant cette période.
Cinq obstacles majeurs identifiés
Le rapport du CESE met en lumière cinq freins au développement de l’industrie navale au Maroc :
- L'absence d'une stratégie publique intégrée impliquant tous les acteurs concernés.
- Les défis liés à la disponibilité du foncier adéquat et aux infrastructures portuaires.
- Un cadre législatif et fiscal inadapté aux besoins du secteur.
- Le manque de produits financiers adaptés aux risques spécifiques de ce domaine.
- Un déficit de main-d'œuvre qualifiée dans des spécialités clés.
Ces obstacles, s’ils ne sont pas surmontés, risquent de limiter la compétitivité du secteur, tant sur le marché national qu'international.
Vers une stratégie nationale intégrée
Le CESE appelle donc à l'élaboration d'une stratégie nationale intégrée pour le développement de l'industrie navale, en s’inspirant des meilleures pratiques internationales. Cette stratégie devrait se concentrer dans un premier temps sur des activités moins complexes, comme la modernisation, la réparation et le démantèlement des navires, avant de viser à terme des segments à plus forte valeur ajoutée.
L’objectif serait de cibler à la fois le marché intérieur et les marchés d’exportation, notamment ceux de la Méditerranée et de l’Atlantique africain.
En conclusion, M. Chami a réitéré l’engagement du CESE à contribuer à l’élaboration de politiques publiques capables de répondre aux enjeux de l’industrie navale au Maroc, tout en invitant les acteurs à collaborer pour faire de ce secteur un levier de croissance et de souveraineté économique nationale.
Lire l’intégralité du discours de Mr Ahmed Réda CHAMI, Président du CESE : Discours Président CESE
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