Entretien de Mr Chafiq Essakalli, PDG des CAM avec le journal les ECO sur la situation de la cale sèche du port de Casablanca

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«Nous sommes énormément impactés  par la faillite du pavillon national»

Les ÉCO : Quel état des lieux faites-vous  des chantiers navals ?

Chafiq Essakalli : Au Maroc, nous faisons plus de réparation que de construction navale. Les chantiers navals ont toujours été les parents pauvres des ports du Maroc. Nous avons construit de nouveaux ports sans prévoir d’infrastructures pour les chantiers navals, c’est notamment le cas, par exemple, pour les ports de Jorf Lasfar et de Tanger Med où il n’existe pas de moyens d’assèchement. À Agadir, c’est un don japonais qui a permis de réaliser un élévateur à bateaux au moment du rapatriement de la flotte de pêche hauturière.

Y a-t-il de la demande ?

Oui, il y a de la demande. Il faut catégoriser les types de navires. Pour tout ce qui est bateau de pêche artisanal, les réparations ne sont pas très compliquées. Mais le problème d’infrastructures se pose dès qu’il s’agit de navires de grande taille. Il n’existe qu’une seule cale sèche pour tout le Maroc, à savoir celle du port de Casablanca, construite en 1954, puis deux élévateurs à bateaux à Agadir et Tan-Tan. Le besoin en infrastructures est pressant, car la cale sèche de Casablanca est saturée et reste limitée en taille.

Avez-vous adressé des demandes pour la mise à niveau ou le renforcement de ces infrastructures ?

Nous avons toujours fait des demandes dans ce sens. Notre principale doléance est que la gestion de ces infrastructures soit concédée aux chantiers navals à même de les exploiter, en harmonie avec les spécificités de leurs activités. Cependant, nous n’arrivons pas à trouver un accord avec les autorités compétentes qui craignent probablement de nous mettre dans une position de monopole, mais c’est une fausse idée. Nous sommes certes le seul chantier à Casablanca, mais nous ne sommes pas dans une position de monopole car nous sommes concurrencés par les autres chantiers environnants comme Las Palmas, le Portugal, Gibraltar et même la Turquie, du fait que les navires naviguent, et que la réparation navale est une activité complètement déprotégée. Il n'y a pas de taxes et pas de droits de douanes.

Qu’est-ce qui empêche l’avancement des projets ?

Le projet de transfert de la zone de chantiers navals en constitue le principal obstacle. Seulement, voilà dix ans que cela dure. Au vu du montant du financement nécessaire pour développer de nouvelles infrastructures, je ne crois pas que ces projets verront le jour dans un futur proche. Il faut savoir qu’une cale sèche d’une taille raisonnable exige 2 à 3 MMDH.

Avez-vous les moyens d’effectuer, seuls, la mise à niveau de l’actuel chantier naval ?

Bien sûr! Nous ne manquons pas de propositions dans ce sens. Il est indispensable de mettre à niveau l’existant. Honnêtement, je suis contre l’abandon de la cale sèche, car c’est un très gros investissement. Quel que soit le projet développé ailleurs, il sera insuffisant par rapport aux demandes. Je trouve dommage d’abandonner un moyen pareil, qui génère à lui seul quelque 500 emplois, même si on transfère le chantier ailleurs. Je trouve également dommage que les projets liés à la Marina de Casablanca, les hôtels, palais des congrès, centres commerciaux, etc. viennent occuper des terre-pleins si rares dans un port. Il faut laisser au port sa vocation!

Votre activité a-t-elle  les moyens de se développer ?

C’est une activité qui peut se développer, à condition de disposer de bonnes infrastructures. Nous avons les compétences suffisantes pour pouvoir répondre aux besoins des flottes. Nous disposons d’une main-d’œuvre qualifiée et nous n’avons pas grand-chose à envier aux chantiers navals étrangers. En plus du maritime, nous travaillons également pour l’industrie. En effet, la réparation navale fait appel à tous les métiers de maintenance que l’on retrouve dans l’industrie.

Souffrez-vous de la faillite du pavillon national ?

Nous sommes énormément impactés par cette faillite. Non seulement cela nous affecte du fait que nous avons perdu une part importante de notre chiffre d’affaires, mais aussi du fait que ces armateurs en difficulté traînent d’énormes créances vis-à-vis de nous. Nous ne pouvons même pas substituer cette flotte par une flotte étrangère, pourtant demanderesse, en raison du manque d’infrastructures.

Lire l'intégralité de l'article: http://www.leseco.ma/eco-evenement/17295-port-de-casablanca-600-employes-menaces-de-chomage-technique

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