L’image d’une baleine sans vie étendue sur l’étrave d’un cargo fut le triste spectacle offert au marseillais samedi dernier. Les hématomes relevés par les vétérinaires dépêchés sur place sont sans appel : l’animal est bien mort suite à la collision. C’était une femelle qui allaitait un nouveau né, orphelin désormais condamné lui aussi. Chaque année, ces accidents écourtent l’existence de plusieurs baleines et cachalots en Méditerranée, au point d’être considérés comme l’une des premières causes de mortalité.
Pourtant, des mesures existent, à l’instar du système REPCET (REPérage des CETacés) développé par l’association Souffleurs d’Ecume, avec le soutien de la Fondation Nicolas Hulot. Pour son déploiement, l’implication des compagnies maritimes reste impérative, mais elles sont souvent difficiles à convaincre…
REPCET : Une technologie collaborative éprouvée au service des baleines
REPCET est un outil informatique collaboratif à l'usage des navigants. Il permet le partage en temps réel des positions connues de baleines sur les routes de navigation. Chaque observation de grand cétacé réalisée par le personnel de quart est saisie sur l'interface et transmise en temps réel par satellite à un serveur situé à terre. Le serveur centralise les données et diffuse des alertes aux navires équipés susceptibles de croiser la route de l'animal. Les alertes sont alors cartographiées à bord sur un écran dédié.
REPCET a été développé dans le cadre du Sanctuaire Pelagos pour les mammifères marins, en lien étroit avec le CROSSMED et plusieurs compagnies partenaires : La Méridionale, qui a équipé toute sa flotte, France Télécom Marine et la SNCM. Les résultats à ce stade sont très encourageants, puisque plusieurs dizaines d’alertes ont été transmises par les utilisateurs durant l’été 2011.
Mais des compagnies maritimes rechignent à s’équiper
Parfaitement opérationnel et pleinement adapté au contexte local, REPCET équipe aujourd’hui 6 navires. Mais il faudrait un réseau d’au moins trente bateaux pour offrir une véritable efficacité à ce dispositif collaboratif. La France, au travers de Pelagos, apporte son soutien pour sensibiliser les sociétés de transport maritime. Malgré ces efforts, les compagnies impliquées restent les mêmes qu’au lancement du projet et les approches des nouveaux armateurs conduites depuis 2 ans n’aboutissent pas.
Or, les baleines de Méditerranée, une population fragile de quelques milliers d’individus, continueront de disparaître tant que les armateurs, dans leur majorité, n’auront pas admis la nécessité de protéger le milieu qu’ils exploitent. Le délai nécessaire pour atteindre cette perspective sera-t-il compatible avec l’urgence ? Vu les maigres avancées face aux efforts déployés, la Fondation Nicolas Hulot s’en inquiète : « faut-il adopter une nouvelle stratégie pour accompagner le déploiement de REPCET ? ».
La loi pourrait-elle prendre le relai de la sensibilisation ?
La ressource règlementaire pourrait elle venir au secours des baleines ? La collectivité de Corse a prévu d’imposer un système pour limiter les collisions à bord des navires qui assureront le transit entre l’île et le continent au titre de la délégation de service public. C’est une avancée de poids, mais seuls quelques navires seront concernés, peut être parmi ceux déjà équipés. Selon Denis Ody, Président du Groupement d’Intérêt Scientifique Mammifères Marins de Méditerranée (GIS3M), « il faudra sans doute aller plus loin, par le biais de la loi, au moins pour que les compagnies engagées depuis le lancement ne se lassent pas d’être les seules à faire des efforts pour limiter les collisions ».
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