Une intelligence désignée pour une efficacité assurée

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Depuis que je me suis intéressé aux strategies intelligentes, des choses et des perceptions ont changé par rapport à cette notion d’intelligence.

Ma première conférence sur l’intelligence avec le PFI (Port Finance International) remonte à cinq ans, à l’époque, la notion d’intelligence s’orientait surtout vers les outils. Or l’intelligence possède quatre aspects ; les outils, le sujet , les relations entre les sujets et l’environnement où opèrent les sujets. Réussir grâce à l’intelligence c’est maitriser puis développer les quatre aspects.

Le mot Intelligence est lié à la faculté de comprendre, de saisir par la pensée, c’est aussi l'aptitude à s’adapter à une situation, à faire des choix en fonction des circonstances et à réagir et interagir au sein d’un environnement.

Ainsi l’intelligence n’est pas innée, nous percevons qu’elle est accessible via quatre étapes. Tout d’abord il faudrait continuellement acquérir des données utiles et disposer d’outils qui permettront de développer ces facultés et ces aptitudes. La 2ème étape, consiste à créer un environnement motivant. La 3ème étape réside dans l’engagement à devenir plus intelligent, cette étape est, en grande partie, dépendante de la 2ème étape. Puis après ces trois étapes, il faut beaucoup d’exercices pour accumuler de l’expérience, ces exercices doivent être tous tracés et mesurés afin de profiter des corrections et des améliorations apportées ou même des remises en question. Avec le temps, ce que nous faisons volontairement pour développer notre intelligence, se fera systématiquement. A ce stade, l’objectif de devenir plus intelligent est atteint.

La politique et la stratégie sont présentes quand un objectif majeur est sollicité. Elles permettent de mettre en place des ensembles de tactiques ou plans d’actions visant à atteindre des objectifs secondaires qui vont permettre d’atteindre cet objectif majeur. Intégrer l’intelligence à la politique et à la stratégie permet de mieux manager et maitriser toutes ces ensembles de tactiques à travers un système de mesures continu et efficace qui permet des corrections et des améliorations systématiques voire automatiques.

Je me suis intéressé à l’intelligence suite au rapport des assises maritimes européennes de 2006, qui avaient comme ordre du jour, rendre les strategies européennes aussi efficaces que celles des États-Unis.Selon des rapports scientifiques, les strategies européennes auraient 84% d’efficacité contre plus de 94% pour les Etats-Unis. Et que dire des stratégies africaines qui certes nous n’avons pas pu obtenir des chiffres sur le taux d’efficacité mais en analysant les suivis des stratégies, nous nous rendons compte à quel point, l’efficacité de ces Stratégies demeurent très loin derrière les autres continents. Un consultant de l’OCDE, lors d’une conférence organisée à Casablanca, parlait justement des problèmes liés au manque d’efficacité des strategies africaines qui serait inférieure à 40%.alors imaginons les pertes de temps, d’argent et d’énergie quand une stratégie est adoptée sans pour autant atteindre l’(les) objectif(s). Sommes-nous assez riche pour se permettre ces gâchis ?

Nous devons savoir que chaque politique adoptée fait sortir des objectifs sur différents termes, les stratégies sont des outils qui permettent d’atteindre un ou plusieurs objectifs, donc l’intérêt pour une nation ce n’est pas seulement de mettre en place des stratégies mais surtout d’atteindre les objectifs fixés. Ainsi plus la nation réussit ses stratégies, plus elle s’oriente vers l’émergence puis le développement.

Des études montrent que la part de l'Afrique dans les exportations mondiales est continuellement en chute, pour faire face à cette situation nuisible de notre continent, nous sommes persuadés que l’intégration de l’intelligence dans les stratégies donnerait plus de chance à leur réussite. En effet l’intelligence permettrait plus de transparence, plus de mesures et par conséquent plus de maîtrise des étapes parcourues.

Ainsi les politiques et les stratégies basées sur l’intelligence sont capables de créer une synergie entre la surveillance de l’environnement externe de l’organisation et celle des changements internes actifs. Ceci faciliterait la mise en place des démarches adéquates afin de permettre à l’organisation de demeurer innovante et compétitive, en visant continuellement des décisions pertinentes.

Les politiques et les stratégies intelligentes, reposent sur trois axes fondamentaux.

  1. Le premier axe est le management

     Les travaux de Peter Drucker demeurent une référence dans la théorie du management des organisations, surnommé le « pape du management » suite à son ouvrage fondamental. La pratique de la direction des entreprises (The Practice of Management).

Le management est principalement la mise en œuvre des moyens humains et matériels qui permettent en premier lieu au Manager de mieux se connaitre en tant que tel, ensuite pour mieux manager ses collaborateurs, de designer les responsables et de définir les procédures de gestion. Les outils du management, qu’il s’agit un management d'équipe ou un management d’entreprise, visent à faire atteindre les objectifs fixés et assurent une conduite saine vers l’efficacité. La négligence de ces moyens entrainerait systématiquement des écarts par rapport à l’efficience et à l’efficacité. Peter Drucker dans ses nombreux ouvrages mesurait souvent un bon management par ses bonnes décisions, qu’elles soient pour le long terme (management stratégique) ou le court terme (management opérationnel). Par conséquent les mauvaises décisions dégradent la qualité du management. D’après l’auteur, les seuls facteurs qui font progresser une entreprise sont les ressources humaines à travers leur capacité d'innover et la façon dont ils organisent leurs relations de travail. Les objectifs du management, « institution centrale de la société actuelle », sont au nombre de six : (1) Définir la mission de son entité ; (2) Fixer des objectifs clairs pour les équipes ; (3) Analyser et organiser le travail pour créer un sentiment de satisfaction chez le personnel ; (4) Informer et écouter ses employés ; (5) Evaluer les résultats au moyen de normes spécifiques et (6) Former ses collaborateurs en permanence.

Une des règles de base du management selon Peter Drucker c’est de trouver un équilibre entre stratégie de long terme et performances de court terme.

Un bon travail du management et une orientation vers une organisation intelligente et structurée assureraient l’efficacité et par conséquent amélioreraient les performances.

  1. Le second axe est la gestion de l’évolution

Actuellement il n'est plus viable pour un pays donné de faire fonctionner son économie sans échanges extérieurs (Les besoins grandissants et multiformes ne permettent plus une pareille situation). Aussi le commerce international est devenu un vecteur essentiel pour l'accélération de la croissance économique. L'internationalisation de la production et l'intensification des échanges commerciaux entre pays a transformé l'environnement international en un système économique mondial unique. Les relations économiques internationales connaissent un processus de globalisation et de mondialisation. On assiste à un développement fulgurant du réseau mondial des transports. Devant ce phénomène et pour demeurer compétitif, une gestion efficace de l’évolution s’impose pour éviter de la subir, pour cela, un suivi convenable à travers une gestion efficace se prescrit. Cette gestion passe d’abord par une veille efficace, avec disponibilité des outils de veille, puis par des procédures qui permettent des réactions adéquates aux résultats de cette dernière, avec la mise en place d’indicateurs clés de performance pertinents (KPIs) permettant de mesurer les actions, et enfin un plan d’actions préventives, correctives ou d’amélioration.

  • Le Troisième axe est la bonne gouvernance

La gouvernance constitue un ensemble de pratiques devenues par la suite des principes généraux. Souvent la bonne gouvernance émerge à partir des analyses des problématiques, mais elle ne peut subsister sans ses outils de bases tels que la transparence, la vérité, le respect de l’environnement, l’intégrité, l’équité et l’équilibre. La gouvernance reste un facteur essentiel dans l’intelligence des stratégies.

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Méthodologie d'une stratégie intelligente

Mais avant d’espérer rendre les strategies intelligence il faudrait d’abord maitriser quatre volets essentiels, qui sont la décision, les objectifs, le pouvoir et l’analyse des résultats.

  1. Décision : Selon Peter Drucker maitriser ce volet nécessite de déterminer les points forts et les points faibles avant chaque prise de décision. Ces points devront être sauvegardés pour une analyse profonde une fois la décision mise en œuvre pour faire ressortir les écarts entre le prévisionnel et le réel. Chaque décision devrait avoir un objectif. Les écarts constatés devraient pousser vers une révision systématique de la gestion de prise de décision.
  2. Objectifs : Normalement toutes nos actions sont nées d’un besoin d’atteindre un objectif. Une équipe travaillant sur un projet devrait avoir le même objectif, pour cela il faudrait que cet objectif soit, selon Peter Drucker, à la fois clair, transparent, mesurable, bien défini et surtout partagée.
  • Pouvoir : Lorsque l’outil devient objectif, l’objectif devient dérisoire. Ceci s’applique surtout au pouvoir qui demeure un outil qui permet de maintenir une discipline dans l’entreprise et une organisation dans la hiérarchie. Lorsqu’il devient un objectif chez des sujets, il perd de son efficacité et ses performances.
  1. Analyse des résultats : Quand les résultats fixés sont sensés, visibles et mesurables, leur analyse devient plus simple. Mais souvent nous remarquons une orientation de l’analyse des résultats vers des justifications des erreurs voire des mauvaises décisions. L’analyse permet de corriger voire améliorer nos actions et non pas les défendre.

Une fois ces quatre volets sont maitrisés, alors rendre les strategies intelligentes deviennent possibles.

Les strategies intelligentes présentent plusieurs avantages, d’abord une maitrise des outils de la performance, une disposition systématique d’un moyen de mesure instantané de toute démarche effectuée, une création de dynamisme, transparence et interactivité entre les managers et les collaborateurs, rendant favorable l’efficacité et les bonnes performances.

Les strategies intelligentes permettent le respect des règles de management, les règles de la gouvernance et les règles d’investissement, elles permettent aussi une maitrise des volets liés à la performance et la compétitivité sans oublier leur contribution pour atteindre les objectifs fixés.

Pour conclure je souhaite que les managers de notre continent en général et notre royaume en particulier puissent mettre de côté leur Ego pour contribuer au développement de leur patrie, j’espère qu’ils négligeront leurs intérêts particuliers pour défendre l’intérêt général.

Vu que le Covid-19 est passé rapidement de menace à crise sanitaire et pandémie, j’ose espérer, qu’après la réaction positive des instances marocaines et le comportement exemplaire de certains leaders et managers, que cette épidémie deviendrait, pour nous, une opportunité qui nous consentirait de revoir les priorités.

Cette révision des priorités et par conséquent des objectifs, Soutiendrait la mise en place de ce nouveau modèle de développement amplement attendu qui déclencherait une maitrise des décisions et du pouvoir ; une transformation digitale efficace et appropriée ; une intelligence étendue qui motiverait l’ensemble des acteurs à interagir dans un esprit de confiance et de transparence et surtout un bon management des compétences et des ressources qui permettrait de créer un environnement favorisant l’innovation et les initiatives.

Par

Ahmed LOUKILI

CLC

Temporary university teacher, trainer and researcher in smart strategies and logistics performance.

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