Plusieurs articles de presse parus dernièrement ont rapporté des informations incomplètes voire erronées au sujet du projet de création du nouveau chantier naval du port de Casablanca. A travers cette mise au point, l’ANP souhaite apporter les éclaircissements nécessaires au sujet de ce projet structurant et mettre un terme aux différentes surenchères qui altèrent visiblement la réalité.
CONTEXTE DU PROJET
Tout d’abord, il convient de souligner que la situation du Maroc à l’intersection des grandes routes maritimes (Nord/Sud-Est/Ouest), lui confère une position privilégiée au centre de l’une des zones les plus importantes du trafic maritime mondial. Cette forte affluence le long des côtes marocaines contraste, cependant avec l’insuffisance des infrastructures portuaires dédiées à l’activité de réparation navale. Ce déficit entre l’offre et la demande ne permet pas de tirer profit des opportunités offertes par ce marché en développement sur le plan mondial, stimulé par la tendance globale liée au dynamisme du commerce international, et aux nouvelles contraintes législatives et normatives imposées à la flotte actuelle.
Sur le plan national en particulier, le chantier naval du port de Casablanca n’arrive à faire face à la demande croissante, essentiellement constituée des navires de la flotte nationale et ce en raison des infrastructures existantes dont les capacités se révèlent être désormais inadéquates pour répondre à la quantité et à la typologie de la demande qui leur est adressée. A ce titre, faut-il le préciser, plus de 500 navires de commerce, dont la longueur dépasse 180 m, font escale annuellement au port de Casablanca, et pus de 120 navires de la même taille fréquentent le port de Mohammedia.
Compte tenu de cette réalité et en vue de positionner le Maroc dans ce domaine et répondre aux besoins de la demande nationale pour les services de chantiers navals, l’Agence Nationale des Ports a lancé le projet de création d’un nouveau chantier de réparation navale au port de Casablanca dans la zone adossée à la digue secondaire dite « jetée Moulay Slimane ». La cale sèche projetée, qui fait partie des quatre composantes dudit chantier, constitue une belle et véritable opportunité pour le pays pour se positionner sur ce segment de l’activité de la réparation navale dans le pourtour méditerranéen et permet de répondre à une demande exprimée et confirmée par les armateurs pour la réparation et l’entretien de leur flotte.
GENESE DU PROJET : DES ETUDES TECHNIQUES AUX ESSAIS DE MANOEUVRABILITE
A propos des études techniques
En 2008, l’Agence Nationale des Ports a commandé une étude dont l’objectif est de définir les contours du projet de réalisation d’un nouveau chantier naval dans le port de Casablanca. Lors des études préliminaires de faisabilité technique et financière, quatre infrastructures d’accueil structurantes ont été identifiées afin de satisfaire la demande de réparation navale : la forme de radoub, la plateforme élévatrice, le portique à sangles et des quais d’armement. La forme de radoub (cale sèche) étant l’infrastructure la mieux adaptée pour la réparation des navires dont la taille est supérieure à 140 m, sa longueur doit être comprise entre 180 et 270 m. A partir de ces structures d’accueil, plusieurs scénarii de développement de l’activité de la réparation navale ont été définis, sachant que pour chaque scénario proposé par le consultant, la cale sèche reste une infrastructure incontournable.
L’analyse technico-financière a conduit à l’adoption de la configuration suivante :
- une forme de radoub d’au moins 220 m de longueur, permettant d’accueillir des navires de la flotte nationale mais aussi une grande partie de la flotte étrangère touchant les ports du Royaume
- Une plateforme élévatrice d’au moins 5000T correspondant à un navire type de 140 m,
- Un portique à sangles d’au moins 300T
- Trois quais d’armement d’un linéaire totale avoisinant 1000 m linéaires
Cette configuration sous forme de schémas de principe ne comprenait à ce stade ni les études techniques, ni les essais de modèles physiques, ni les simulations de manœuvrabilité.
Dans le cadre du projet Wessal, portant sur la restructuration des espaces de l’ancien port de Casablanca et son ouverture sur la ville, l’ANP est le principal acteur ayant la charge de faire aboutir le projet en question en prenant en charge le déplacement de plusieurs activités qui s’exercent actuellement sur le site du projet, dont celle de la réparation navale. C’est ainsi, qu’une réunion technique avec le consultant, chargé des études de faisabilité, a été tenue en février 2013 afin de réexaminer la configuration et les composantes du projet précédemment arrêtée et actualiser les hypothèses de base. A l’issue de cette réunion, le consultant a confirmé les composantes du projet constituées d’une forme de radoub, d’un élévateur à bateaux, d’un portique à sangles et de quais d’armement selon la même configuration de principe telle que arrêtée en 2010.
En juin 2013, l’ANP a lancé les études techniques détaillées du projet, le bureau d’étude devait (i) analyser le secteur de la réparation navale aux niveaux national et international et (ii) vérifier, compléter et optimiser les besoins en infrastructure issues de l’étude de 2008.
Les résultats de cette nouvelle étude, ont reconfirmé la configuration et les composantes du nouveau chantier naval telles que préconisées par l’étude de 2008, mais moyennant quelques ajustement techniques relatifs à la disposition des différents ouvrages et leurs caractéristiques à savoir :
(i) Une forme de radoub de 240 m de longueur, avec une capacité annuelle moyenne de 22 unités
(ii) Une plateforme élévatrice de 5000T, avec un traitement simultanée de 6 navires. Elle permet de répondre à 98% de la demande de tout le pavillon national actuel et à 100% de la demande nationale pour la catégorie des navires ne dépassant pas 140 m de longueur,
(iii) Un portique à sangles de 450T ; pouvant traiter jusqu’à 470 navires par an. Sa capacité a été revue à la hausse pour pouvoir traiter la quasi-totalité de la flotte nationale de navires de pêche et de plaisance, tout en optimisant les interventions sur la plateforme élévatrice et
(iv) Trois quais d’armement d’une longueur totale de 970 ml pour la réparation à flot.
En fait, il est important de signaler, que la forme de radoub constitue non seulement un ouvrage pour l’accueil des grands navires mais aussi une structure moins vulnérable que l’élévateur à bateaux, donc une solution incontournable pour sécuriser l’activité.
A propos des essais de Manœuvrabilité
Pour la validation de la configuration finale du nouveau chantier naval du port de Casablanca, plusieurs essais de manœuvrabilité ont été effectués au niveau du simulateur de pilotage du port de Tanger-Med. Les dits essais ont été supervisés par une commission nautique et une commission d’experts composée de : (a)les représentants de l’ANP/DG, (b) le bureau d’études, (c) le commandant du port de Casablanca, (d) les représentants de la station de pilotage du port de Casablanca, et (e) les représentants de la station de pilotage du port de Tanger-Med.
Les conclusions des simulations ont montré que la configuration initiale de la forme de radoub présente de grands risques en terme de manœuvre, d’agitation et d’accident, et que le meilleur emplacement de la cale sèche pour manœuvrer l’entrée et la sortie des navires au niveau de cet ouvrage consiste en l’alignement du quai de réparation à flot avec le mur de la forme de radoub pour éviter toute collision des navires entrants/sortants. En conséquence la solution optimale retenue suite aux essais sur simulateur facilite le glissement du navire à l’intérieur de la cale sèche.
En ce qui concerne le mode d’exploitation de la cale sèche et particulièrement les mouvements d’entrée et de sorties des navires à ladite cale, il y a lieu de souligner que cette activité est prise en charge selon un mode opératoire rigoureux observant toutes les conditions de sécurité et d’optimisation du chantier. Ces mouvements de navires, à l’instar des pratiques à l’international, sont entrepris sur la base : (i) de la programmation et de la planification des navires, (ii) des régles d’accès à la cale et (iii) des dispositions du règlement d’exploitation du chantier qui sera mis en place par le futur concessionnaire et approuvé par l’ANP en tant que concédant.
A ce titre, est sur la base des dizaines de simulations réalisées, il ressort que seuls quelques cas particuliers et peu fréquents nécessiteraient le déhalage du navire accosté au poste d’armement mitoyen à la cale sèche. Cette situation ne présente dans la réalité aucune difficulté du fait que ledit navire peut être déhalé par ses propres moyens ou à l’aide de remorqueurs. La durée maximale des opérations de déhalage du navire, entrée ou sorite d’un navire de la cale sèche, et ré-accostage du navire déhalé, est de 3 heures.
Compte tenu de ce qui précède, le projet du nouveau chantier naval du port de Casablanca marquera un saut qualitatif et quantitatif dans le domaine de la réparation navale dés sa mise en exploitation en l’année 2017, puisqu’il devra non seulement mettre fin à la saturation et à la faiblesse des infrastructures navales actuelles, mais aussi permettre de répondre aux demandes interne et étrangère.
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